Pierre LAROUSSE est né le 23 octobre 1817 à Toucy (Yonne), d’une mère aubergiste et d’un père charron-ferrant.
Un personnage compte beaucoup pour cet enfant avide de lecture:
c'est le colporteur.
Sa balle contient des trésors. Larousse raconte que, un peu malade, on lui avait interdit de lire pour ne pas le fatiguer!... alors, il vole quatre chandelles à sa mère et pendant quatre nuits il va lire , en cachette, sa dernière trouvaille: Robinson Crusoë.
Et Larousse de conclure: "ce furent les quatre plus beaux jours de ma vie"
Le samedi, c'est jour de marché; la salle de l'auberge est pleine de monde et l'enfant écoute les conversations qui l'intéressent beaucoup.
Il fréquente l'école du village où le maître -Edme PLAIT- remarque son esprit curieux de tout. Mais pour se rendre à l'école, il doit longer les hauts murs du château qu'il ne peut apercevoir, alors...il imagine des souterrains remplis d’araignées, habités par les fantômes ; et dans les pièces au-dessus, loge sûrement Croquemitaine dont la vieille domestique de l’auberge lui raconte les histoires qui lui font peur, le soir…
Elève-boursier à l’Ecole Normale de Versailles, il revient à Toucy comme instituteur en 1838, mais déçu par les méthodes d’enseignement de l’époque et la carence des manuels scolaires, il donne sa démission, à peine 2 ans plus tard, il repart à Paris pour se consacrer à l’élaboration de manuels scolaires pour les élèves et pour les maîtres et constitue déjà des centaines de fiches dans l'idée de composer un gros ouvrage. En 1849 paraît son 1er ouvrage scolaire: "la Lexicologie des Ecoles primaires", il sera suivi de nombreux autres petits livres dont certains verront plus de 40 rééditions tant ils ont de succès!
En 1852 il fonde, avec un compatriote-Augustin Boyer, de Villiers-Saint-Benoît- sa première maison d’édition : « Larousse et Boyer ». En 1856 paraît l’ancêtre du Petit Larousse : Le Nouveau Dictionnaire de la Langue Française, et 10 ans plus tard Le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle qu'il prépare depuis une trentaine d'années, il consacrera, alors, entouré d'une centaine de collaborateurs, 14 à 16 heures de travail quotidien à ce monument de 20 700 pages.
Il meurt d’une 3e congestion cérébrale le 3 janvier 1875 à Paris, son dictionnaire sera achevé par son neveu Jules HOLLIER soutenu par la femme de Larousse, Suzanne CAUBEL qu'il vient d'épouser en 1872, après 30 ans de vie commune.
Pierre Larousse est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris, ce jour-là on inaugure l'Opéra Garnier.
Ses parents, sa sœur et son beau-frère reposent au cimetière de Toucy. (voir la rubrique : photos et vidéo)
Article ASPERGE du GDU
"Sans doute, beaucoup de sols en France remplissent ces deux conditions; mais nous en connaissons un qui est véritablement privilégié ; - c'est un petit canton de la basse Bourgogne, nommé Toucy. Les asperges y sont douces, parfumées, extrêmement savoureuses. Ces filles du printemps s'y trouvent tellement chez elles, qu'elles y poussent d'elles-mêmes au milieu des prairies, comme les belles courtisanes d'Athènes poussaient naturellement à Corinthe, à Lesbos et à Milet.
J'ai connu un vieux professeur, républicain et lettré, deux qualifications qui ne s'excluent pas, qui disait, chaque fois que la conversation tombait sur les asperges : « Que l'on dise du mal de Caton et d'Aristote, mais jamais des asperges. » Assurément ce gourmet-la s'était arrêté à Toucy, et avait soupe, par une moite soirée d'avril, à l'Hôtel du Léopard.
Maintenant que nous croyons avoir fait venir l'eau à la bouche de nos lecteurs, il ne serait pas généreux de les abandonner aux tortures de ce supplice dantesque. Nous allons
donc leur révéler le secret d'obtenir des asperges belles et bonnes, …."
Article « Hanneton » du GDU, un souvenir d'une bêtise !
Or, Philibert avait de six à sept ans, et, à cette époque, il fréquentait l'école primaire tenue par le digne et excellent, père Simonnot (Dieu veuille avoir son âme!)- Un jour d'avril 1833[1] (aïe! que cela me semble antédiluvien !), par un beau soleil qui avait engagé le bon père Simonnot à faire un petit tout de sieste vers trois heures de l'après-midi, et qui, par compensation, avait délié la langue de Philibert et de trois ou quatre de ses acolytes, une conversation des plus intéressantes s'était engagée entre lesdits écoliers. Bien que nous ayons complètement oublié quelle était la question mise sur le tapis, nous croyons cependant pouvoir affirmer, la main sur la conscience, qu'elle était des plus étrangères aux dix parties du discours.
La conversation intime, commencée d'abord sur un ton bas et prudent, s'était graduellement élevée jusqu'aux tons les plus hauts du diapason, lorsque notre Argus s'arracha brusquement des bras de Morphée.
« Philibert, qu'est-ce que le verbe?
- Le verbe, m'sieu, fit l'étourdi pris au trébuchet, le verbe..., c'est un.... substantif.... qui s'accorde en genre et en nombre avec l'adverbe pour former un produit qu'on appelle total »
Sur cette mirifique réponse, débitée avec un certain aplomb, Philibert reçut l'invitation de passer au cabinet noir qui faisait suite à la salle de classe. C'est dans ses flancs ténébreux qu'avaient lieu les exécutions capitales ; non pas que la tête fût en jeu : il ne s'agissait que des deux hémisphères qui s'arrondissent au sud du département du Bas-Rhin. C'est là que l'orage se concentra tout entier, sous la forme d'un martinet à dix-huit ficelles, manié par une main qui n'était pas légère, comme disait J.-J. Rousseau. Vous dépeindre la colère et l'humiliation de Philibert est un effort qui défie toutes les imaginations… Tout en se frottant la partie foudroyée, il jura in petto de se venger. Mais où, quand, comment? Là était la difficulté. Toutefois, après avoir longtemps rêvé, il poussa une exclamation de joie, il cria aussi :Eurêka! La vengeance était trouvée , et elle devait être terrible. Si la vengeance est douce aux dieux, jugez ce qu'elle doit être pour un écolier outrageusement fessé.
Les préparatifs prirent toute la soirée, toute la matinée du lendemain et tout l'intervalle qui s'écoule entre les deux classes… A une heure, Philibert arrive et se rend à sa place de l'air le plus riant du monde. Le bon père Simonnot s'applaudit d'avoir un élève si peu boudeur, si peu rancunier. Sur cette réflexion rassurante, il croit pouvoir entamer sa sieste : assurément l'exécution de la veille a jeté la terreur dans tous les esprits....
Bientôt on entend clans la classe, immobile et silencieuse, car tout le monde a le mot, un bourdonnement qui s'élève : c'est un hanneton qui se promène de ça et de là dans l'espace libre ; le bruit augmente, redouble, c'est un autre hanneton, cinq, dix, quinze, vingt hannetons qui prennent également leurs ébats; enfin le bourdonnement, allant toujours crescendo, ressemble au roulement lointain du tonnerre : il y a là cinquante, cent, trois cents, cinq cents hannetons qui décrivent en l'air les arabesques les plus folles. Ils vont, viennent, se heurtent, s'entrecroisent, se bousculent, s'abaissent, se relèvent, se précipitent contre les carreaux de la fenêtre soigneusement fermée, et les font vibrer sous leurs assauts. C'est une nuée, une bourrasque, une tempête : les hannetons, en bêtes intelligentes, faisaient un tel vacarme, avec leurs quatre ailes et leurs antennes déployées, que, n'avait été le beau soleil, on se serait cru à un concert de sorcières à cheval sur leur manche à balai. Au milieu de ce tapage infernal, il n'y a pas de sommeil de juste qui puisse tenir; aussi le brave père Simonnot ne tarda-t-il pas à s'étirer les bras pour nous faire comprendre qu'il reprenait possession de sa conscience. Il était temps, car nous tournions à l'épilepsie. A l'aspect.de ce déchaînement, il crut que tous les hannetons de la province s'étaient donné rendez-vous dans son école.
[1] 1823…Pierre Larousse se trompe !